Histoire du Karaoké |
Origine du Karaoké |
Déjà à la fin des années 50, des tentatives (qui ne portaient pas encore le nom de "karaoké" ) eurent lieu. C'est le cas par exemple de l'émission télévisée américaine "Sing along with Mitch". L'orchestre de Mitch Miller faisait chanter les téléspectateurs pendant qu'apparaissaient à l'écran les paroles avec une petite boule sautillant d'une syllabe vers la suivante.
Le phénomène du karaoké serait né dans un bar de Kobe, à l'ouest du Japon. Le guitariste d'un groupe amateur ne pouvait venir ce soir-là. Le propriétaire des lieux eut alors l'idée d'enregistrer sur cassette la musique d'accompagnement : les chanteurs adorèrent çà. Le karaoké était né. Il est possible que ce soit partiellement une légende, mais c'est à partir de ce moment, c'est-à-dire le milieu des années 70, que le karaoké est devenu populaire et a commencé à croître économiquement parlant au Japon (par la production d'un matériel technologique spécifique). Le karaoké est une distraction typique pour les employés japonais qui s'est développé notamment à partir de pianos bars. Ils vont dans un bar avec leurs collègues après le travail et, après quelques verres, le karaoké devient un véhicule d'expression et de communication.
Le karaoké s'est ensuite répandu vers d'autres pays et, s'il est resté un phénomène de mode dans certaines régions, il demeure solidement implanté dans d'autres pays. KARAOKE est un mot composé en Japonais du terme "kara" qui signifie "vide" (à partir du mot Japonais Karappo) et du terme "oke" qui est un diminutif du terme japonais «!okesutora!» signifiant orchestre. Des bandes enregistrées avec de la musique (sans la dimension vocale) sont appelées "karaokés".
L'histoire de la naissance et du développement du karaoké au Japon se présente en résumé comme suit:
Dates | Innovations | Précision |
1959 | apparition dans le commerce du Electone de Yamaha | orgue électrique permettant une variété de tonalités pour chanter (utilisé dans des bars) |
1968 | vogue de singles orchestraux pour juke-box au Japon | 200 chansons maximum par jukebox |
1970 | invention des mini-jukes | "juke-box amélioré" par l'apport d'un microphone et d'un monnayeur relié à une minuterie. |
1972 | apparition du voice-changer de Columbia | effacement de la piste vocale sur un enregistrement |
1974 | naissance du Crescent Juke | "juke-box" avec des bandes enregistrées |
1976-1977 | la plupart des grandes compagnies japonaises s'engagent dans la production de matériel pour le karaoké | notamment Teichiku, King, Columbia, Toshiba EMI, Victor et Polydor |
1982 | apparition des vidéos et lasers karaokés |
produits par PIONEER |
1983 | création des paroles colorisées | inventé par Toshiba EMI |
1984 | naissance des CD karaokés | initiés par SONY |
1985-1986 | apparition des CDG | musique + paroles à l'écran |
1986 | construction des premiers karaoke box au Japon | diversification des lieux |
1989 | naissance du Walking Karaoke | adaptation par SONY du walkman (40 chansons par petites cartes insérables). Echec commercial... |
1992 | apparition du karaoké par câble | appelé aussi "telecom karaoke" |
Quelques explications sont nécessaires en ce qui concerne les karaoke box: la plupart des maisons japonaises se trouvent très près les unes des autres, avec des murs assez fins, souvent en bois, qui offrent dans la pièce une sonorité assez pauvre... mais qui s'entend dans tout le quartier ! Il serait assez désagréable de s'adonner à cette activité le soir, surtout pour les voisins ! Face à ce problème, des japonais ont mis au point dès 1986 des karaoke box, c'est-à-dire des locaux insonorisés où les interprètes pouvaient chanter de tout leur coeur (ou de tout leur choeur). Le premier karaoke box serait apparu en 1984 dans un champ de riz dans la campagne autour de la préfecture d'Okayama. Le karaoke box était construit à partir de la remorque d'un camion de transport. Ce type de local pouvant être fréquenté pendant la journée, le karaoké devint populaire auprès des étudiants et de la population féminine (moins attirée par les karaokes clubs du soir et leur "mauvaise" réputation liée à la prise d'alcool. Le nom "karaoke box" (ou KTV) vient peut être du fait que la privatisation des chemins de fers japonais en 1987 conduisirent à la mise à disposition d'un large nombre de containers qui furent recyclés comme des "karaokes box " et disposés ensuite dans des centres de loisirs, des centres de jeux, des bowlings... Il existerait maintenant plus de 100.000 karaoke box au Japon..
Se sont également ouverts au Japon des "centres de loisirs de karaoké" ayant jusqu'à 50 pièces différentes parfois avec des décors différents (jungle
amazonienne, décor spatial, un habitat sous-marin, le Far West...) ! Ces centres se sont également développé à l'étranger comme c'est le cas par
exemple pour "The Hong Kong karaoke Box" avec 72 pièces différentes pouvant accueillir entre 6 et 20 personnes avec un total étonnant de 33.612
chansons (ouvert dès novembre 1992). La popularité est telle qu'il faut sur réservation attendre une semaine pour disposer de l'une de ces pièces !
Existe ainsi au Japon un karaoké "de jour" (pour femmes et étudiants) et un "karaoké de nuit"...mais il s'agit aussi de stratégies commerciales entre les bars, les cafés, les restaurants... par rapport au marché économique que représente le karaoké26. Pour les femmes, à la recherche de leur identité spécifique au japon, c'est important, car dans ces "karaokés de jour (coffee shop), elles sont appelées pour chanter, non pas par le terme "Okusan" qui les désignent comme la femme de X ou la mère de Y, mais bien par leur propre nom (ce qui est aussi le cas dans les hôpitaux et dans un hôtel de ville)28. D'après Simon Mukuna (psychologue),"le karaoké japonais est une sorte de sas entre l'entreprise et la famille. Les clients se réunissent pour être pris en charge d'une autre manière : la geisha qui les accueille connaît vraiment les besoins de ses clients. Elle sait aussi se situer dans la relation homme-femme telle qu'elle est vécue au Japon, avec les gestes et les mots qu'il convient pour servir. Finalement, à la fois lieu de décharge, de régression et de prise en charge, ce type de karaoké peut être assimilé, d'une certaine manière, à un bordel.
Vint ensuite le Telecom karaoké ou karaoké par l'intermédiaire du câble, même si existent encore certaines faiblesses sonores dues à la capacité limité du système ISDN (Integrated Service Digital Network) et une uniformité d'image , des images produites par genres (ex: "Rêve", Mariage", "Révolte"... et non par clips. Il est cependant important de souligner le fait que les japonais ont surtout inventé le "support technique" du karaoké, mais pas forcément (ou pas uniquement) l'habitude culturelle consistant à chanter en public ou à chanter ensemble. C'est le cas, par exemple, des habitudes traditionnelles au Pays de Galles qui revendique la "paternité réelle" du karaoké (ce qui me semble être un tantinet exagéré) :"ce qui fait du pays de Galles le Pays de la Chanson, c'est que si vous réunissez deux ou trois Gallois, ils bavardent et ils chantent(...) Les Japonais sont les premiers à avoir inventé la karaoke Machine, mais ce sont les Gallois qui ont inventé le karaoké lui-même il y a des centaines d'années de cela. Chanter de bon coeur en public est au Japon une pratique assez récente, mais c'est une vieille tradition au Pays de Galles. De plus, les Gallois ne ressentent pas le besoin d'absorber des boissons alcoolisées pour commencer à chanter (bien que dans de nombreuses occasions cela facilite votre courage face au fait de commencer à chanter).